• Avec Aurélien Gamboni. A tale as a tool. Enquêtes sur le maelström et le « devenir-abîme » des mondes. Techniques & Cultures 75 (2021)

Cet article s’attache à montrer l’usage d’un texte littéraire comme outil en situation d’enquête ethnographique et artistique. Une descente dans le maelström d’Edgar Allan Poe – qui met en scène une image possible des abîmes (le maelström) -, devient le moyen de penser des dangers futurs difficilement perceptibles dans le présent en proposant un modèle dynamique qui fluctue entre mondes confinés et « devenir-abîme » des mondes. L’emboitement des techniques narratives et des techniques d’entretiens offre la possibilité de dégager des techniques de perceptions et d’alerte, de même que les attachements nécessaires face à des devenirs mouvants et potentiellement catastrophiques.

https://journals.openedition.org/tc/15248

  • Faire surgir des mondes. Ethnographie de deux créations musicales à Paris et Mulhouse. Ethnologie française Vol. 51 (2021).

À travers l’ethnographie de deux « résidences de création » musicales à Paris et à Mulhouse, cet article interroge la manière dont les acteurs impliqués (musiciens, acteurs culturels, techniciens) mettent en scène et négocient les catégories esthétiques, agencent l’espace pour faire advenir et résoudre des controverses et investissent la « résidence » comme espace de création. L’ethnographie ne s’arrête pas aux discours déployés par les acteurs, mais s’intéresse à la manière dont les gestes musiciens confortent ou contredisent les affirmations, font surgir des mondes, des lieux et des configurations spatiales.

https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2021-1-page-161.htm

  • « Ce que les mondes de musiques font à la participation. Une perspective intersectorielle », in Cultural Policies in Europe: a Particpatory Turn, édité par Felix Dupin-Meynard & Emmanuel Négrier, Toulouse : Editions de l’Attribut (2020).

Je m’intéresse dans ce chapitre aux musiques du monde telles qu’elles se sont constituées en France à la croisée de diverses politiques publiques qu’elles soient culturelles, économiques ou diplomatiques. Si les années 1980 marquent la montée en puissance de la World music, – l’accélération de la circulation des informations et des technologies et l’accentuation du monopole de l’industrie musicale sur la production musicale mondiale -, la France y joue un rôle particulier entre promotion de la diversité, exception culturelle et « économisation » de la culture. Les négociations pour exclure la culture du traité du GATT (1993) concourent, sous l’impulsion de la France à la création de l’Organisation Mondiale du Commerce en 1994. On retrouve ce même rôle au sein des instances de l’Unesco dès les années 1970 jusqu’à aujourd’hui sur les questions du patrimoine immatériel avec la Convention sur la diversité culturelle adoptée en 2005. Ce positionnement est fortifié d’une part par la diplomatie culturelle, d’autre part par la politique culturelle du Parti socialiste français dès 1977 et mis en place à partir de 1981 autour de la diversité culturelle articulée à une certaine idée de l’identité nationale (Martigny, 2016). Ce positionnement s’accompagne paradoxalement de la fabrique de la culture comme force économique de premier plan. Les années 1990 marquent une période de professionnalisation du milieu des musiques du monde et une institutionnalisation de ce secteur. C’est aussi une prise en charge de la formulation des problèmes par le politique autant que par le milieu scientifique ; formulation qui était jusqu’alors, l’apanage de l’industrie, des médias mais aussi des militants et activistes qui voient dans les musiques du monde et dans les musiques traditionnelles le moyen de plaider pour la reconnaissance d’autres musiques. Enfin, à partir des années 2000, les musiques du monde se déploient à la croisée de politiques intersectorielles qui mobilisent les politiques de la ville, le développement territorial ainsi que les politiques socio-économiques. Elles sont aussi le signe d’un investissement accru des collectivités territoriales dans la culture. Le champ des musiques du monde est caractérisé par une sur-détermination de la dispute et de la controverse, qui peut s’expliquer par divers facteurs comme la prépondérance accrue de la notion de diversité comme étalon d’évaluation des politiques publiques à destination de ce secteur. Deuxièmement l’équivocité du syntagme maintes fois dénoncé concourt à provoquer de nombreux malentendus. Troisièmement, à partir de la fin des années 1990, les musiques du monde font l’objet de divers symposiums qui permettent de retracer la mise en place d’une démocratie « socio-technique » à caractère consultatif (Callon, 2001) où les problèmes sont définis et pris en charge par la science et le politique.

Dans ce contexte où la dispute et les controverses sont sur-valorisées, la notion de participation paraît invisible. Nous faisons l’hypothèse que c’est justement par des modalités de participation que se fabrique la diversité au sein des musiques du monde. Ces modalités de participation se forment à l’intersection de diverses politiques publiques (culturelles, sociales, économiques, diplomatiques), de politiques privées et de contre-pouvoirs militants. A travers cinq exemples (festival Africolor, États Généraux des musiques du monde, action des Nouveaux commanditaires, Mulhouse Capitale du Monde, ainsi qu’une résidence d’artistes), nous dégagerons des modalités de participation spécifiques. Nous déterminerons les secteurs impliqués dans leur définition, ainsi que les régimes de justification associés à ces modalités. Enfin, nous analyserons ce que ces expériences participatives produisent (nouvelles valeurs, conflits de valeurs, nouvelles méthodes, impacts mutuels, redéfinition de politiques culturelles).

  • L’expérience du Faire Oeuvre. Ultimo Cielo. Société des Nouveaux commanditaires. Presses du réel (2016).

  • Cesaria Evora. Des Biographies aux autobiographies, un art vocal impensé. Cahiers d’ethnomusicologie 25 (2012).

Cet article revient sur les conditions d’une commande éditoriale au sujet de la chanteuse Cesaria Evora. Par la biographie qui en a résulté, il est possible de penser le corpus sémantique commun créé autour de Cesaria. L’adhésion à ce corpus commun par le critique musical fonde autant sa capacité à prendre en charge la « présentification » de Cesaria Evora que la légitimité de cette dernière. La reconnaissance de Cesaria Evora repose en grande partie sur « l’immédiateté de la séduction » que procure sa voix et ses interprétations ou plutôt sur ce qu’il en est dit. Ce caractère instantané de l’art vocal de Cesaria Evora se construit par la comparaison avec d’autres chanteuses comme Billie Holiday et l’emploi du terme « diva ». Pour autant, la capacité reconnue à Cesaria de toucher le public reste un impensé des biographies qui lui ont été consacrées.

  • Globalisation, territorialité et réinterprétation : les détournements de la renaissance culturelle des Indiens de la côte Nord-Ouest. (1999).